LE SECTEUR DU TRANSPORT COMME VACHE A LAIT
La taxe kilométrique n’a eu aucun impact positif sur la mobilité. Au contraire. Depuis l’introduction de la taxe kilométrique pour les poids lourds en avril 2016, les embouteillages n’ont cessé d’augmenter. Pour les transporteurs, cette situation est particulièrement pénible. Payer en moyenne huit fois plus cher qu’avec l’ancien système Eurovignette pour ensuite se retrouver plus souvent et plus longtemps dans les embouteillages, ce n’est vraiment pas ce à quoi ils s’attendaient.
Sous sa forme actuelle, la taxe kilométrique est une mesure purement fiscale qui ne mérite pas le qualificatif d’« intelligente ». Il est donc grand temps de faire de cette mesure stupide un instrument intelligent de gestion de la mobilité. Comment ? Tout simplement en étendant à l’ensemble des usagers de la route le principe de « l’utilisateur-payeur », qui s’applique actuellement à 2 % du parc automobile ou à 15 % du trafic en moyenne.
Or le gouvernement rejette systématiquement cette piste. Il n’y a pas de soutien pour cela, dit-on. Un raisonnement particulièrement étrange. En effet, y a-t-il un soutien pour la réforme des pensions ? Nous craignons que non. La majorité de la population active n’est certainement pas enthousiaste à l’idée de travailler plus longtemps. Ce manque de soutien n’empêche pas les pouvoirs publics de poursuivre leurs plans de réforme, lesquels sont clairement nécessaires.
Au lieu d’étendre la taxe kilométrique à tous les usagers de la route, le gouvernement flamand a opté pour une augmentation substantielle des tarifs via l’intégration d’une composante CO2 dans la structure tarifaire. Quoi qu’on en dise, cette mesure n’est absolument pas obligatoire pour les contrats à long terme conclus avant 2022. En d’autres termes, la Flandre se rend coupable de gold plating, puisque le contrat de concession avec Satellic a été conclu bien avant 2022.
La Wallonie augmentera également ses tarifs en juillet 2026, mais dans une moindre mesure. Les transporteurs n’ont d’autre choix que de répercuter intégralement ces coûts supplémentaires. En fin de compte, ce sera donc le consommateur final qui devra mettre la main au portefeuille. Une augmentation des prix pour le consommateur, un effet nul sur la mobilité et aucun impact sur les émissions de CO2, est-ce là de la bonne gouvernance ? Nous ne le pensons pas.
Philippe DEGRAEF
Directeur Febetra