L’édito du mois

UNE MIGRATION ECONOMIQUE INTELLIGENTE COMME SOLUTION PARTIELLE A LA PENURIE DE CHAUFFEURS

La population de chauffeurs vieillit rapidement. Alors qu’il y a 30 ans, un chauffeur poids lourd sur quatre avait plus de 45 ans, ils sont aujourd’hui quelque 57,2 %. En raison de la dénatalité, la population en âge de travailler n’augmentera pas dans nos régions au cours des 20 prochaines années. Pour 10 travailleurs qui partent à la retraite, ils ne sont que huit nouveaux venus prêts à prendre leur place. Les entrées ne compensent pas les sorties, ce qui fait que la pénurie est un problème structurel et le restera.

Dans les milieux politiques, l’allongement de la durée du travail et l’activation des chômeurs, des malades de longue durée et des inactifs sont présentés comme la panacée à la pénurie de main-d’œuvre à laquelle presque tous les employeurs sont confrontés. Même si nous parvenions un jour, par ces moyens, à porter le taux d’emploi à 80 %, ce qui est hautement improbable, cela ne suffirait pas encore à résoudre la pénurie de main-d’œuvre sur le marché du travail.

La migration économique ciblée en provenance de pays non-membres de l’UE est politiquement très sensible. Ce n’est pas une raison pour rejeter purement et simplement cette piste. Pour certains profils en pénurie, comme les chauffeurs poids lourds, nous ne pourrons pas nous passer d’une migration économique en provenance de pays qui comptent un excédent de main-d’œuvre. Afin d’écarter d’emblée tout soupçon de dumping social ou d’exploitation, la Febetra souligne que les travailleurs étrangers doivent bien entendu bénéficier du même contrat de travail et des mêmes conditions salariales et de travail que leurs collègues belges.

Contrairement à ce que prétendent certains, un migrant n’est pas par définition un profiteur. La migration ciblée peut en effet être une solution gagnant-gagnant-gagnant. Les transporteurs peuvent faire plus de chiffre d’affaires, tandis que les travailleurs migrants se rendent utiles et gagnent un salaire décent (aux conditions salariales belges !). La société bénéficie en outre de cotisations sociales supplémentaires, qui lui échappent évidemment lorsque les travailleurs étrangers travaillent ici par le biais d’un détachement ou de toutes sortes de circuits louches.

Philippe DEGRAEF

Directeur Febetra

febetra
Fédération Royale Belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques
Fédération Royale Belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques